CHRISTINE MACÉ

« Ecrire, c’est déjà mettre du noir sur du blanc » 
(Mallarmé)

L’écriture est, à mon sens, l’événement le plus important  dans l’histoire de l’humanité, après celui de la maîtrise du feu.

« J’écris parce que tu n’es pas là ». L’écriture abolit les limites du temps et de l’espace, elle permet la transmission et la conservation de la pensée du monde. Au cours des millénaires, que ce soit sur les tablettes sumériennes, sur les papyrus, dans l’écriture lapidaire, sur les parchemins ou le papier, le dessin de la lettre et la mise en page des textes nous informent et nous rendent compte d’une civilisation, d’une époque donnée.

Au XXI° siècle, les écrits sont numérisés, la plume et l’encre quelque peu abandonnées, mais…. La découverte de la calligraphie fut liée pour moi à la littérature : ayant travaillé professionnellement sur la correspondance de Madame de Sévigné, je fus bouleversée de tenir entre mes mains des autographes du dix-septième siècle de la célèbre épistolière et me demandais alors de quelle nature étaient à l’époque le papier, l’encre, ainsi que l’outil d’écriture employé par la marquise : la plume d’oie. Ce fut là le début de l’aventure, j’ignorais tout des calligraphes contemporains. En 1994, La rencontre avec Hassan Massoudy et Denise Lach m’ouvrit un champ de recherches infini puisque j’abordais à la fois le monde occidental et celui du Moyen-Orient.

D’évidence, l’art du geste était propice à l’émergence du sens.

Je fondais alors en 1999, l’association « Terres d’écritures » à Grignan, dans la Drôme, souhaitant créer un lieu qui réunisse à la fois l’écriture littéraire et l’écriture calligraphique. Mes études d’histoire et d’histoire de l’art me conduisirent à créer un espace qui présenterait, par le biais d’expositions, l’état de la recherche actuelle des calligraphes contemporains. Vinrent alors Laurent Rébéna, Kitty Sabatier, Monica Dengo, Anne Gros-Balthazard, puis Ye Xin et Christine Dabadie-Fabreguettes pour la Chine et enfin Abdallah Akar calligraphe tunisien. Bien d’autres encore exposèrent à « Terres d’écritures » au cours de ces dix ans, mais je choisis ces neuf artistes pour concevoir l’exposition de Vogüé en Ardèche au cours de l’été 2009.  

Christine Mache

icon pdf Download a Christine Macé CV

La rigueur et l’excellence de leur travail alliées à leur talent rendaient ce choix évident. Le château de Vogüé, restauré sans aucune ostentation, offrait neuf belles salles inondées de lumière, pour accueillir l’art du trait et le geste suspendu de ces neuf plasticiens, à travers les trois grandes écritures du monde. Chacun d’eux présenta l’essence de sa recherche et ce furent quatre mois magiques d’intelligence et de beauté.

Je tiens à remercier Massimo Pesce d’avoir eu l’idée de poursuivre l’exposition grâce à ce site Internet qu’il a créé. Ainsi, à travers le temps et l’espace, sans frontières, « le geste suspendu » contribuera à la diffusion de l’œuvre de ces artistes majeurs dans l’art de la calligraphie et de l’art contemporain.

Christine Macé